Quoi de plus émouvant que la première prise de souffle d’un bébé à la naissance et le dernier souffle d’un mourant ? Entre les deux, une ligne de vie se trace rythmée par cette même respiration. Fonction physiologique, c’est aussi le reflet de vos émotions, de votre état mental, de votre activité. C’est le miroir de qui vous êtes et de ce que vous vivez.

Bien respirer et pourquoi ?

 

Ça semble si simple de respirer, ça se fait tout seul ! Et pourtant ça vaut le coup de savoir comment ça marche pour avoir une respiration plus consciente et efficace. La respiration est dépendante du système nerveux autonome, formidable régulateur en pilote automatique, du fonctionnement des différents organes. Il veille au mieux à votre homéostasie, votre équilibre interne. La respiration participe à cette régulation ainsi qu’à celle de la circulation sanguine, de la tension artérielle, de la digestion… rien que ça !

Bien respirer c’est inspirer et expirer par le nez. A l’inspiration, l’air entrant est réchauffé et humidifié avant d’être envoyé à vos poumons. A l’expiration, l’air sortant permet d’expulser les impuretés inhalées.

Pour une « respiration anatomique congruente », il faut aussi des muscles. Le diaphragme situé sous les côtes est le piston d’une fonction respiratoire ample et abdominale. Il se contracte et descend à l’inspiration et monte passivement à l’expiration. Dans les respirations superficielles, irrégulières, arythmiques, il est souvent bloqué. Les tensions musculaires dues au stress par exemple, contrarient la liberté du souffle, imposant un surcroît d’effort. De plus, seule la partie inférieure du poumon est remplie, la partie la plus importante reste vide. Vous ne fonctionnez donc pas au mieux de vos capacités et vous obtenez un minimum de bienfaits pour un maximum d’effort.

 

Bien respirer, mais comment ?

 

En redonnant de la mobilité à votre diaphragme, vous accroissez la ventilation pulmonaire, source d’une bonne oxygénation, de détente musculaire, d’apaisement des douleurs et de l’anxiété. Mais aussi, jolie cerise sur le gâteau, vous massez votre plexus solaire et tonifiez la région abdominale. Ce massage facilite et régule les fonctions de digestion, d’assimilation et d’élimination. Beaucoup de troubles de l’estomac ou des intestins sont en relation avec un mécanisme respiratoire bloqué ou insuffisant.

Un élément important aussi pour libérer le diaphragme est votre posture. Plus vous vous étirez, plus vous êtes en ouverture, mieux vous respirez. Dos affaissé et particulièrement assis, vous perdez 40 % de votre capacité !

Enfin, les émotions transforment votre respiration. Chacune a la sienne, facilement détectable. Et ça marche aussi en sens inverse : vous pouvez générer une émotion avec la respiration qui lui correspond.

Quittez le pilote automatique et devenez le maître à bord

La respiration a cette particularité qu’elle est la seule fonction vitale que vous pouvez moduler et maîtriser. Essoufflé vous allez pouvoir prendre de profondes et amples inspirations pour retrouver votre énergie, améliorer votre oxygénation, dénouer vos muscles. Paniqué, agacé vous allez pouvoir pousser sur l’expiration pour retrouver votre calme.

En fait, votre fameux système nerveux autonome a deux branches antagonistes. Le système nerveux sympathique, celui qui donne un petit coup de boost à vos organes, et le système nerveux parasympathique, celui qui met (presque) tout sur pause, en mode récupération. L’inspiration active le sympathique, l’expiration active le parasympathique. En jouant sur celles-ci vous pouvez donc vous mettre en mode turbo ou en mode repos.

Les indiens avaient tout compris il y a sept siècles avec le Pranayama ou « science du souffle », première doctrine prônant l’intérêt du contrôle respiratoire sur la santé et même la longévité.

Le souffle, votre super pouvoir

Aujourd’hui, la respiration est présentée dans tout ce qui parle de mieux-être et permet d’instaurer l’unité Corps/Esprit. Elle vous pose éternellement dans l’instant présent. “Pas possible de prendre une inspiration pour hier ou demain” vous dit l’apnéiste Stig Steverinsen.

Elle rythme les postures de yoga. En sophrologie, c’est le ballon avec lequel on joue dans ce grand terrain de jeu de la détente et de la prise de conscience. Lente et profonde c’est une des inductions de la plus célèbre des relaxations : le training autogène de Schultz. En équilibrant inspire et expire, elle permet la cohérence cardiaque. C’est aussi le point d’ancrage récurent de la méditation de pleine conscience.

Le souffle est le plus simple accès à votre intériorité. C’est un bon moyen de savoir comment vous allez et comment vous impacte l’extérieur. C’est un dispositif fiable et toujours accessible pour ne pas vous laisser emporter par un tsunami émotionnel. Il vous permet de surfer avec assurance sur la vague de vos sensations. Bref, c’est la petite appli que vous ne pouvez pas oublier. Vous l’avez toujours sur vous et elle sert à tout, ou presque !

Respiration et spiritualité

Et si vous voulez aller plus loin, respirer c’est aussi cheminer vers une certaine spiritualité. Selon la philosophie indienne, le monde a été projeté dans un souffle. L’air que vous respirez, vous le partagez avec tout le vivant sur cette terre, il crée donc un sentiment d’unité. Il vous met d’emblée en relation avec votre impermanence, avec votre condition humaine tout en vous. Il vous ramène à un processus de vie rythmique, fluide et fondamental. Le souffle crée de l’espace, vous emmène vers quelque chose de plus large et libre où l’égo se dissout.

Alors respire, c’est rien de le dire !

En savoir + sur l’autrice : Brigitte Cotenceau 

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